Philosophie et psychanalyse du robot
Dans les années à venir, les robots pourraient faire partie de notre quotidien. A l’heure actuelle, déjà, nous pouvons constater l’insertion de « l’intelligence artificielle » dans notre vie de tous les jours à travers les smartphones ou les objets connectés. Dans la littérature et le cinéma, du grand robot doré dans Metropolis (1927) jusqu’au plus récent Chappie (2015) en passant par la série Ghost in the shell (1995), le robot est un objet de fantasme. Esclave obéissant, il peut, tout de même, se révolter. Il y a donc une ambivalence chez le robot. D’un côté, il nous soulage de nos tâches les plus ingrates. Nous pouvons donc imaginer grâce à lui un monde de loisir nous libérant d’un travail aliénant. De l’autre côté, de nombreuses œuvres de fiction actuelles basent leur scénario sur la mutinerie des robots telles, par exemple, Westworld (2016). En effet, dans cette série, au sein d’un parc d’attraction futuriste reproduisant une vision imprégnée par les westerns, les « visiteurs » humains côtoient des « hôtes » robots. Les humains peuvent faire ce qu’ils veulent des robots. Or, après quelques épisodes, nous découvrons que les robots se révoltent et commencent à surpasser les humains.
Afin de comprendre notre rapport complexe envers les machines, il est intéressant d’analyser nos représentations exprimées à travers différents supports cinématographiques. D’une part, la réalité sociale, politique et économique alimentent fortement ces représentations. Nous anticipons le futur à partir de l’état des technologies actuelles et de notre imaginaire les concernant. D’autre part, cet imaginaire fictionnel modifient nos représentations, nos peurs et nos désirs par rapport à ces technologies. Nous pouvons postuler que notre rapport envers le robot a profondément changé après la diffusion du premier Terminator (1984).
Notre projet de recherche a donc pour objectif d’analyser nos représentations et nos fantasmes à travers les œuvres littéraires et cinématographiques de science-fiction. Les interfaces entre machines et humains nous intéresseront particulièrement car elles incarnent cette relation complexe et ambivalente. Plus particulièrement, deux problématiques seront abordées dans ce cadre :
-L’exploration du fantasme de mutinerie chez les concepteurs de robot dans la littérature et au cinéma. Nous tenterons une lecture clinique et philosophique des séries, films ou romans tels que Real Humans (2012), Westworld (2016), ou le jour où la terre s’arrêta (1951) pour introduire une psychopathologie psychanalytique de la robotique. Que nous apprennent ces œuvres sur nos représentations et nos fantasme du robot ? L’inquiétante étrangeté du robot nous amène à nous poser la question de la différence entre sujet et objet ? A partir de quel moment le robot devient-il un sujet à part entière ? Quelles sont les conséquences éthiques ?
– Ces œuvres de science-fiction sont souvent dépréciées et offrent le flanc à de nombreuses résistances au niveau académiques comme dans les pratiques cliniques. Nous nous poserons donc la question, comment construire une psychopathologie psychanalytique du virtuel quotidien ?
Dates du séminaire :
-Lundi 19 novembre 2018: présentation du projet Guillaume Bagnolini, Lionel Raufast, Vincent Estellon.
-Lundi 26 novembre 2018: Imaginaire, robots et cinéma : Vincenzo Susca.
-Lundi 10 décembre 2018 : Virtuel et dépendances : Vincent Estellon
-Lundi 28 janvier 2019 : Patricio Nusshold. Machines et corps érotique.
-Lundi 11 février 2019 : WestWord : Guillaume Bagnolini, Lionel Raufast.
-Lundi 18 février 2019 : Interactions sujet-machine : Lionel Brunel.
-Lundi 11 mars 2019 : Transhumanisme et Black Mirror : Salomé Bour
-Lundi 8 avril 2019 : Mécanique, cinéma et production du vivant : Jehanne Bréchet-Bouix
– Vendredi 10 mai 2019 : Séminaire de clôture avec l’ensemble des intervenants
Lieu et horaire: Saint-Charles, salle S007 – De 18h30 à 21h
Membres de l’équipe
– Pr S. Missonnier, Laboratoire PCPP, psychopathologie clinique, Paris Descartes
– Pr V. Estellon, psychopathologie clinique, Epsylon, UPV.
– Lionel Brunel, MCF HDR en psychologie cognitive, Epsylon, UPV.
– Lionel Raufast, PAST en psychologie clinique, UPV, chercheur associé Lapcos, Nice
– Vincenzo Susca, MCF en sociologie à l’ UPV, chercheur associé au Ceaq (Sorbonne Paris Cité)
– Brigitte Leroy-Viémon, MCF HDR, Epsylon, UPV.
– Corinne Gal, PAST, Docteur en psychologie, Epsylon,UPV.
– Jehanne Bréchet-Bouix, Enseignante d’analyse filmique et d’histoire du cinéma ; responsable du séminaire Plan
rapproché, Le Dôme, Montpellier.
– Laurent Fauré, MCF en linguistique et communication, UPV – Montpellier, Praxiling UMR 5267 CNRS.
– Paolo Stellino, post-doctorant en philosophie, IFILNOVA, Nouvelle Université de Lisbonne.
– Guillaume Bagnolini, docteur en philosophie, UM, UFR Faculté des sciences.
– Salomé Bour, docteur en philosophie, Université François Rabelais.
– Vincenzo Susca, MCF en sociologie, UPV Montpellier 3. IRSA-CRI Ceaq-Sorbonne.
– Patricio Nusshold, Docteur en psychodynamique du travail, Institut de Psychodynamique du Travail, PCPP Paris 5.
Bibliographie indicative
Deleuze, G., (1983), Cinéma 1 – L’image-mouvement, Paris, Les Éditions de Minuit.
Mitry, J.,(2001). Esthétique et psychologie du cinéma, Paris, Éditions du Cerf.
Missonnier, S. (2007). Psychopathologie du virtuel quotidien. La relation d’objet virtuelle. Dossier coordonné par S. MissonnierS., et C. Robineau. le Carnet PSY, n° 120 et n° 121, 43-47.
Rancière, J., (2001). La fable cinématographique, Paris, Seuil.
Tisseron, S., (2015). Le jour où mon robot m’aimera, vers l’empathie artificielle, Paris, Albin Michel.
Tisseron, S., (2017). L’enfant, les robots et les écrans. Nouvelles médiations thérapeutiques. Paris, Dunod.
Vlachopoulou X., Haddouk L., Houssier F., Missonnier S. (2014), Le héros virtuel, comme révélateur de fantasmes archaïques à l’adolescence, Dialogue, n°203, 111-120.
Films et séries
Lang Fritz, 1927, Metropolis
Lucas George, 1977, Star Wars
Lundström Lars, 2012, Real Humans
Nolan Jonathan et Joy Lisa, 2016, Westworld
Spielberg Steven, 2002, Minority Report
Wise Robert, 1951, Le jour où la terre s’arrêta